Istanbul.

Elsa Sahal se tient debout, face a la fontaine, sa fontaine, une montagne oceanographique sur laquelle est perchee une voute anthropomorphique, entrejambe féminin désérotisé duquel jailli un jet d’eau tel un jet d’urine net et tranchant.

Ce n’est pas une provocation mais un trait d’humour à des siecles de représentation hétéronormée et phallocentrique.

Face à la fontaine, une des ses premieres sculptures, Composition abstraite semble laisser voir un tas amorphe et mou. La disposition des émaux mats porte en elle la clé de lecture de cette oeuvre. Elles se répondent à deux décennies d’intervalle. Soft is the New Strong. On aurait presque pu dire Soft is the New Hard. C’est le titre de son exposition.

Je regarde cette sculpture totèmique, une céramique noire comme de la lave refroidie, la Venus d’Elsa Sahal se dresse majestueuse et me fait penser aux empilement de seins de Louise Bourgeois, la louve Capitoline mais aussi aux dessins de seins en etoiles de Pierre Molinier.

Suela Cennet, 2019

Traduit de l’anglais par Elsa Maggion

Elsa Sahal (1975, FR) vit et travaille à Paris. Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2000, elle effectue une résidence à Sèvres en 2007. En 2008, la Fondation Pernod-Ricard lui consacre une exposition personnelle et elle obtient le prix MAIF pour la sculpture. Elle est accueillie comme professeur invitée à la Alfred University, New York State College of Ceramic en 2019. Elle a par ailleurs enseigné à l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg de 2005 à 2012.

En 2013, elle fait une résidence à la Archie Bray Foundation (Montana) et ses œuvres sont montrées lors de Body & Soul : New International Ceramics au Museum of Art and Design de New York. Son travail est régulièrement présenté dans des expositions collectives d’envergure, telles Ceramix au Bonnefantenmuseum à Maastricht (2015) et à la maison rouge à Paris (2016) ; Women House à la Monnaie de Paris et au National Museum of Women in the Arts à Washington (2017-2018) ; Picasso, baigneuses et baigneurs au musée des Beaux-Arts de Lyon (2020) ; Les flammes. L’âge de la céramique, Musée d’art moderne de Paris (2021). La Galerie Papillon (Paris) lui consacre sa 7ème exposition personnelle à l’automne 2021 tandis qu’elle réalise son 1er solo show à The Pill (Istanbul) en 2017 et à Nathalie Karg Gallery (New York) en 2019, galeries qui la représentent dès lors en Turquie et aux États-Unis. Ses œuvres font partie de plusieurs collections publiques dont celles du Centre national des arts plastiques, du Fonds d’art contemporain – Paris Collections ou encore du Frac Normandie. Son travail est également soutenu par plusieurs collectionneurs de renom.

http://www.elsasahal.fr/

Après des études de philosophie, Suela Cennet se spécialise en sciences politiques et en politiques publiques à Sciences Po Paris où elle obtient un double master en relations internationales ainsi qu’un MPA. Multilingue et très active très tôt à l’international, elle est nommée co-curatrice à l’occasion d’Istanbul, capitale culturelle de l’Union Européenne en 2010. Peu après, elle prend la direction des opérations de la galerie Templon où elle contribue aux débuts d’artistes tels que Juliao Sarmento, Kehinde Wiley, Jitish Kallat.

En 2013, elle décide de déménager ses opérations à Istanbul et crée une galerie avec son propre pool d’artistes parmi lesquels une forte famille d’artistes françaises tels que Marion Verboom et Eva Nielsen . Située dans une ancienne usine de générateurs, The Pill ® est une galerie d’art contemporain internationale basée dans la péninsule historique d’Istanbul au bord de la Corne d’Or. Fondée en 2015 et lancée en janvier 2016, la galerie fonctionne comme une plateforme globale qui rassemble des artistes locaux et internationaux. Initialement imaginée comme un espace de projet naval mobile, Elle vise à créer un environnement fertile pour l’art contemporain pluridisciplinaire, à accroître la visibilité de la scène émergente et à permettre un dialogue pertinent dans le contexte local en multipliant les collaborations avec d’autres institutions de la région, et en invitant des artistes internationaux à penser leur pratique ou à expérimenter sur un nouveau territoire. Depuis son ouverture, la galerie a réussi à s’imposer comme l’un des acteurs les plus influents de la région en multipliant les acquisitions muséales, en permettant à ses artistes de participer à des Biennales.

Les artistes de la galerie ont été présélectionnés pour des prix d’art convoités et The Pill ® fait partie du comité de sélection 2017-2018 ainsi que du jury d’ Emerige mécénat et du Prix Emerige pour l’art contemporain émergent en tant que partenaire international, une nouveauté dans l’organisation du prix.