Suddenly you hear a low humming sound, a gentle rumble and soon after the floor, followed by the whole room, starts convulsing. The building vibrates, shaking in its foundations as the low humming grows in intensity until it bursts into a violent discharge of sonic energy. The shock waves from the blast cut power and you are left in the dark, dazed and confused. The lights go back on and oddly enough you notice a strange smell, a mix of rust and earth. Thoughtlessly, and probably the result of an adrenaline rush, you go downstairs, to the basement of the building, where the odor appears to be more intense. Once you reach the bottom, you freeze in your steps: the marble floor collapsed completely giving way to a large chasm. It occupies most of the basement and you are unsure whether it is a sinkhole or a hidden cave. Inside it, only now you notice, you glimpse a strange large apparatus, an ambiguous machine, appearing to be both a means of transportation and a tunneling machine. It lies inert, half-unearthed and exposed to air and light. It looks old, rusty, but its presence is uncertain, inconclusive. You take a closer look, and see that something else is present inside the cavity: bones. Human bones, animal bones, uncertain bones, you can’t really tell. They seem to have come out of, or been projected from the inside of the metal body (is it a creature, perhaps… a metal worm?) that occupies much of the hollow. They seem the remains of beings, but what sort of beings? Were they trapped? Were they traveling inside what you now imagine to be an ark, an unlikely testimony from a distant past or even a distant future? You don’t understand. You have never been in such a situation. The smell of rusted metal and wet soil lingers in your consciousness. Slowly, you walk back, making sure you step only on stable slabs of marble, up the stairs and into the office.
This could very well be a synopsis of a The Twilight Zone episode. However it is not. It is a fictional micro-narrative created from Astray (Prologue), a solo exhibition Caroline Mesquita presented in Kunsthalle Lissabon in late 2018. While the solo show at Kunsthalle Lissabon was coined a prologue, it was done so inasmuch as it didn’t present any possible conclusion to the narrative the artist set in motion in the exhibition space. It was quite the opposite: the visitor was left guessing, in a permanent state of uncertainty, about the status of the scene presented. Mesquita seamlessly intertwined the imaginary of the archaeological exploration with the codes of science fiction creating a strange and disconcerting atmosphere in which the visitor was confronted with what appeared to be an unusual accident, one that disclosed the possibility of a discovery of epic proportions, an alternative history, the tentative existence of another civilization or society whose traits one could only have glimpses of. The past they belong to was uncertain. Maybe they came to us from the future, not the past. Maybe neither. One could not know. Maybe more time was needed.
Mesquita is first and foremost a sculptor. Despite that she imbues her work with a narrative tension which gives it a speculative nature that goes well beyond classic categories of the discipline such as form and materiality. It is the artist’s mastery of these categories, however, as well as a profound understanding of the spatiality involved in staging her own work that allows her to present projects that can be framed as situations in which a story is unfolding or an action is taking place, and to which we are invited to as spectators/participants/creators. The first paragraph of this short essay is both evidence of and a homage to that: the intentional ease with which Mesquita’s projects conjure uncertain and unresolvable narratives that seductively linger in our memories, where they have an afterlife as tales, as stories that can be passed on orally or, in this case, in writing. Film, and stop motion animation to be more specific, which the artist explores in conjunction with her sculpture and installation work, testifies to the role fiction occupies in her practice. The time-based nature of the medium allows for world building through which Mesquita is able to imagine other ways of being in and of the world. These are fundamentally ambiguous and operate by questioning binary categories and forms of reasoning which are predicated in either-or arguments. Human vs. non-human, organic vs. technological, metal vs. flesh are some of the categories which are firstly brought into question, and then rendered meaningless and unproductive by being put in a critical state of flux and thus pushed to the brink of their conceptual and explanatory abilities. Imagining bodies, situations and the interplay between them has proved an extremely productive way for Mesquita to question in a playful, humorous, yet very critical and compelling way, the place we, as humans, occupy in the world.
Soudain, vous entendez un faible bourdonnement, un lĂ©ger grondement, et juste après le sol, et bientĂ´t la salle toute entière, commence Ă ĂŞtre pris de convulsions. Le bâtiment vibre, tremble sur ses fondations tandis que le faible bourdonnement gagne en intensitĂ©, jusqu’à ce qu’il Ă©clate en une violente dĂ©charge d’énergie sonore. Les ondes de choc de l’explosion coupent le courant et vous vous retrouvez dans le noir, hĂ©bĂ©tĂ© et dĂ©boussolĂ©. Les lumières se rallument et, bizarrement, vous remarquez une odeur Ă©trange, un mĂ©lange de rouille et de terre. Sans rĂ©flĂ©chir, et probablement sous l’effet d’une poussĂ©e d’adrĂ©naline, vous descendez dans le sous-sol du bâtiment, oĂą l’odeur semble plus intense. Une fois en bas, vous vous figez sur place : le sol en marbre s’est complètement effondrĂ© pour laisser place Ă un immense cratère. Ce dernier occupe la majeure partie du sous-sol et vous ne savez pas s’il s’agit d’un gouffre ou d’une caverne secrète. Ce n’est qu’à ce moment-lĂ que vous apercevez Ă l’intĂ©rieur un grand dispositif Ă©trange, un engin Ă©quivoque qui paraĂ®t ĂŞtre Ă la fois un moyen de transport et une foreuse pour tunnels. Ce dispositif est inerte, Ă moitiĂ© sorti de terre et exposĂ© Ă l’air et Ă la lumière. Il a l’air vieux et rouillĂ©, mais sa prĂ©sence est incertaine et il est impossible d’en tirer la moindre conclusion. En l’examinant de plus près, vous rĂ©alisez qu’il y a quelque chose d’autre Ă l’intĂ©rieur de la cavitĂ© : des os. Des ossements humains, des ossements d’animaux, des ossements indĂ©finissables – comment savoir ? Ils semblent ĂŞtre sortis ou avoir Ă©tĂ© projetĂ©s de l’intĂ©rieur du corps mĂ©tallique (est-ce une crĂ©ature, ou pourquoi pas… un ver en mĂ©tal ?) qui occupe une grande partie du cratère. On dirait des restes d’êtres vivants, mais de quelle sorte de crĂ©atures s’agit-il ? Se sont-elles retrouvĂ©es piĂ©gĂ©es ? Voyageaient-elles Ă l’intĂ©rieur de ce que vous imaginez maintenant ĂŞtre une arche, tĂ©moignage improbable d’un lointain passĂ© ou mĂŞme d’un futur Ă©loignĂ© ? Vous ne comprenez pas. Vous ne vous ĂŞtes jamais retrouvĂ© dans une telle situation. L’odeur de mĂ©tal rouillĂ© et de terre humide s’attarde dans votre conscience. Lentement, vous revenez sur vos pas, en veillant Ă ne marcher que sur les dalles de marbre les plus stables, vous montez les escaliers et retournez Ă l’étage supĂ©rieur.
Cela pourrait être le synopsis d’un épisode de La Quatrième Dimension. Mais il s’agit, en réalité, d’une microfiction créée à partir d’Astray (Prologue), une exposition solo que Caroline Mesquita a présentée à la Kunsthalle Lissabon à la fin de l’année 2018. Si cette installation a pu être qualifiée de « prologue », c’est dans la mesure où elle ne présentait aucune conclusion possible au récit enclenché par l’artiste dans l’espace d’exposition. C’était même plutôt le contraire : le visiteur était laissé dans le doute, dans un état permanent d’incertitude quant au statut de la scène qui se déroulait sous ses yeux. Caroline Mesquita entremêle ici étroitement l’imaginaire de l’exploration archéologique et les codes de la science-fiction, créant une atmosphère étrange et déconcertante dans laquelle le visiteur est confronté à ce qui semble être un événement insolite, qui évoque la possibilité d’une découverte aux proportions épiques, d’une histoire alternative, la vague existence d’une autre civilisation ou d’une autre société dont on n’entrevoit que quelques éléments. Le passé auquel elle appartient est incertain. Peut-être nous est-elle venue du futur et non du passé. Peut-être des deux. Il est impossible de le savoir. Peut-être aurait-il fallu plus de temps.
Caroline Mesquita est avant tout une sculptrice. Néanmoins, elle insuffle à son travail une tension narrative qui lui confère un caractère spéculatif dépassant largement les caractéristiques habituelles de cette discipline, telles que la forme et la matérialité. C’est la maîtrise de ces attributs propres à la sculpture, ainsi qu’une profonde compréhension de la spatialité impliquée dans la mise en scène de son propre travail, qui permet à cette artiste de présenter des projets qui peuvent être définis comme des situations dans lesquelles une histoire se déroule ou une action a lieu, et auxquelles nous sommes invités à participer en tant que spectateurs/acteurs/auteurs de la fiction qui se déroule sous nos yeux. L’histoire évoquée dans le premier paragraphe de ce court texte témoigne de cette démarche tout en rendant hommage à l’aisance délibérée avec laquelle les projets de Caroline Mesquita évoquent des récits incertains au dénouement insoluble. Ces récits s’attardent irrésistiblement dans nos mémoires où ils continuent à vivre en tant que contes, en tant qu’histoires pouvant être transmises oralement ou, dans le cas présent, par écrit. La création vidéo, et plus précisément l’animation stop-motion, que l’artiste explore parallèlement à ses sculptures et à ses installations, témoigne du rôle que joue la fiction dans sa pratique artistique. Le rapport au temps propre à ce médium permet de construire un monde à travers lequel Caroline Mesquita est capable d’imaginer d’autres façons d’être au monde et de ce monde. Celles-ci sont fondamentalement ambiguës et remettent en question les catégories binaires et les formes de raisonnement qui sont fondées sur une argumentation selon laquelle les choses devraient forcément être soit ceci, soit cela. L’opposition humain/non-humain, organique/technologique, métal/chair sont quelques-unes des catégories qui sont d’abord remises en question, puis vidées de leur sens et rendues improductives en étant placées dans un état critique de fluctuation et donc poussées à la limite de leurs capacités conceptuelles et explicatives. Imaginer des corps, des situations et les interactions qui se produisent entre eux s’est avéré un moyen extrêmement efficace, pour Caroline Mesquita, de remettre en question de manière ludique et humoristique, mais aussi très critique et convaincante, la place que nous occupons dans le monde en tant qu’êtres humains.
Caroline Mesquita (b. 1989, Brest) lives and works between Marseille and Le Drennec.
She won the 19th Fondation d’entreprise Ricard Prize in 2017.
Selected solo exhibitions include Blaffer Art Museum, Houston; PIVO, Sao Paolo; Fondazione Pomodoro, Milan; Centre d’art Passerelle, Brest; Galeria Municipal do Porto, Porto; Kunsthalle Lissabon; Lisbon; Centre Pompidou, Paris; SALTS, Birsfelden; 221a, Vancouver; Fondation d’entreprise Ricard, Paris; Kunstverein Langenhagen, Langenhagen; SpazioA, Pistoia; Centre d’art du Parc Saint LĂ©ger, Pougues-les-Eaux; Le Bains-Douches, Paris; 1m3, Lausanne; among others ;
Mesquita has participated in group exhibitions at venues such as Museo de Arte de Zapopan, Guadalajara; Bonniers Konsthall, Stockholm; SCHIRN KUNSTHALLE FRANKFURT; Palais de Tokyo, Paris; Folkwang Museum, Essen; La Loge, Brussels; Monnaie de Paris, Paris, FR; Astrup Fearnley Museet, Oslo; FRAC Ile-de-France; Flax Foundation, Los Angeles; Arsenal Contemporary New York, USA; among others.
Caroline Mesquita (née en 1989 à Brest) vit et travaille entre Marseille et Le Drennec.
Elle a remportĂ© le 19e prix de la Fondation d’entreprise Ricard en 2017.
Elle a notamment exposĂ© au Blaffer Art Museum, Ă Houston ; Ă PIVO, Ă Sao Paolo ; Ă la Fondazione Pomodoro, Ă Milan ; au Centre d’art Passerelle, Ă Brest ; Ă la Galeria Municipal do Porto, Ă Porto ; Ă la Kunsthalle Lissabon, Ă Lisbonne ; au Centre Pompidou, Ă Paris ; SALTS, Birsfelden ; 221a, Vancouver ; Fondation d’entreprise Ricard, Paris ; Kunstverein Langenhagen, Langenhagen ; SpazioA, Pistoia ; Centre d’art du Parc Saint LĂ©ger, Pougues-les-Eaux ; Le Bains-Douches, Paris ; 1m3, Lausanne ; entre autres ;
Caroline Mesquita a participĂ© Ă des expositions collectives dans des lieux tels que le Museo de Arte de Zapopan, Guadalajara ; Bonniers Konsthall, Stockholm ; SCHIRN KUNSTHALLE FRANKFURT ; Palais de Tokyo, Paris ; Folkwang Museum, Essen ; La Loge, Bruxelles ; Monnaie de Paris, Paris, FR ; Astrup Fearnley Museet, Oslo ; FRAC Ile-de-France ; Flax Foundation, Los Angeles ; Arsenal Contemporary New York, USA ; parmi d’autres.
JoĂŁo MourĂŁo and LuĂs Silva have been working as a curatorial duo since 2009. MourĂŁo is currently Director of ArquipĂ©lago - Centro de Artes Contemporâneas, in the Azores, while Silva is Director of Kunsthalle Lissabon, which they both founded in 2009. They were the curators of the Portugal Pavilion in the 59th edition of the Venice Biennale (2022). A selection of recent projects they curated includes solo shows by Jonathas de Andrade (CRAC Alsace, Altkirsch, France and MAAT, Lisbon, Portugal), Manuel Solano (PivĂ´, SĂŁo Paulo, Brasil), Eduardo Batarda (Fundação Arpad-Szenes Vieira da Silva, Lisbon, Portugal), Pedro Barateiro (Fundação Carmona e Costa, Lisbon, Portugal) e Carla Filipe (MAAT, Lisbon, Portugal). While co-directors of Kunsthalle Lissabon they have presented solo shows by Ad Minoliti, Zheng Bo, Laure Prouvost, Caroline Mesquita, Engel Leonardo, Sol Calero, Petrit Halilaj e Naufus RamĂrez-Figueroa, to name a few. They have presented group shows at Extra City, Antwerp, David Roberts Art Foundation, London and MACE, Elvas. Besides their curatorial practice JoĂŁo MourĂŁo e LuĂs Silva contribute regularly to various publications and have edited several monographs. They were the curators of ZONA MACO SUR (2015 - 2017), the solo projects section of Mexico City’s contemporary art fair and Artissima’s.
LuĂs Silva et JoĂŁo MourĂŁo forment un duo de commissaires d’exposition depuis 2009. JoĂŁo MourĂŁo est actuellement directeur d’ArquipĂ©lago - Centro de Artes Contemporâneas, aux Açores, tandis que LuĂs Silva est directeur de Kunsthalle Lissabon, qu’ils ont tous deux fondĂ© en 2009. Ils ont Ă©tĂ© les commissaires du pavillon du Portugal lors de la 59e Ă©dition de la Biennale de Venise (2022). Parmi les projets rĂ©cents dont ils ont Ă©tĂ© les commissaires, citons les expositions personnelles de Jonathas de Andrade (CRAC Alsace, Altkirsch, France et MAAT, Lisbonne, Portugal), Manuel Solano (PivĂ´, SĂŁo Paulo, BrĂ©sil), Eduardo Batarda (Fundação Arpad-Szenes Vieira da Silva, Lisbonne, Portugal), Pedro Barateiro (Fundação Carmona e Costa, Lisbonne, Portugal) et Carla Filipe (MAAT, Lisbonne, Portugal). En tant que codirecteurs de Kunsthalle Lissabon, ils ont prĂ©sentĂ© des expositions individuelles d’Ad Minoliti, Zheng Bo, Laure Prouvost, Caroline Mesquita, Engel Leonardo, Sol Calero, Petrit Halilaj et Naufus RamĂrez-Figueroa, pour n’en citer que quelques-unes. Ils ont prĂ©sentĂ© des expositions collectives Ă Extra City, Anvers, David Roberts Art Foundation, Londres et MACE, Elvas. Outre leur activitĂ© de commissaires, JoĂŁo MourĂŁo et LuĂs Silva contribuent rĂ©gulièrement Ă diverses publications et ont Ă©ditĂ© plusieurs monographies. Ils ont Ă©tĂ© les commissaires de ZONA MACO SUR (2015 - 2017), la section des projets solos de la foire d’art contemporain de Mexico et de la foire d’art contemporain d’Artissima.
Kameli is not only interested in deconstructing the existing image archive, she also insists on the presence of a counter-archive, one less public but nevertheless crucial. She renders visible women who themselves produced representations, such as: Louisette Ighilahriz, and an FLN militant who recruited women to sew Algerian flags for the Independence Day celebration; Louiza Ammi Sid, who worked throughout the Black Decade as a photojournalist; Marie-José Mondzain, a French philosopher of the image born in Algiers whose motherwas from a well-established Jewish Algerian family and whose father was a Polish artist, a communist who escaped the Holocaust; and the first Algerian female filmmaker andnovelist, Assia Djebar.