Question? RĂ©ponse!
Roberte Mapplethorpe, Claude Cahun, Eugenie Delacroix, Louis Bourgeois, Joséphine Beuys, Miss van der Rohe, Martine Kippenberger, Francine Picabia, Annie Warhol, La Corbusier, Marcelle Duchamp, Jacqueline Pollock, Francine Bacon, Jeanne Nouvel, Danielle Buren, Romane Opalka, Jacqueline Lacan – and all the other big names in our cultural history. But wait, with Agnès Thurnauer, the first names of these luminaries have changed genders. We are already stumbling, so how do we bring a Jacqueline Lacan or a Louis Bourgeois together with the works with which we are well acquainted?
Agnès Thurnauer knows a lot. She is well-read, knows art history inside out and quotes the works of the great masters in her own paintings. As a true Frenchwoman and Parisian, she is extremely familiar with the most important philosophical theories of the 20th century. She has an excellent education, which began in the family home and did not end with the practical knowledge and skills of the Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs. Agnès Thurnauer is therefore informed, she is in the know and, what’s more, she can paint really well. Her art relates to the frames of reference of our cultural sphere; in this respect, lands and language and slogans are only three aspects that she scatters and intermingles throughout her pictures and objects.
In this series on which the artist has worked in parallel for decades, Agnès Thurnauer examines the binary system of the sexes, the borders between countries, continents and languages and confronts masterpieces from art history in the exhibition space with her practical, almost garrulous seat sculptures. These aluminium sculptures reminiscent of split marrow bones are objet d’art, resting bench and message in one. They stand around brushed in the museum or in the outdoor space and offer an invitation to linger. They look a little bit like blocks from an oversized, three-dimensional game of Tetris, and that is not too far out an idea, as the elements have been pushed to fit together, resulting in individual letters that in turn make a word. Of course, the sculptures are too heavy to be arranged by us the public, but they seem as if they are inviting us to interact and soon we are in the middle of them, deciphering the letters and discovering a message that the artist is addressing to us. Perhaps “JOIE” or “CHROMATIQUE” or “ICI”. Any questions?
All this could come across as extremely erudite and perfect, the high-gloss play on names or the paintings overlaid with words. Clever and boring at the same time, if Agnès Thurnauer did not have a sense of humour as well as her unquestionable talent. This sense of humour means that the artist puts the word “border” so precisely on two canvases that the border in the diptych becomes tangible. Or she humorously places the word “wandering” over a two-part painting of – indeed, of what exactly? dunes, waves, camouflage? – so that “wandering” becomes obvious in the picture. Signifié and Signifiant overlap in these powerful paintings; we can no longer distinguish between signifier and signified. In one of her earliest works – in fact that’s not true, she began it in 2001 and completed it in 2021 – in any case, in this watercolour we can see two rooms: on the left, the floor and walls are painted and inscribed with a large “QUESTION”; in the middle, an arched passageway is visible; on the right, there is a second room with its walls and floor also painted and inscribed, in between is a large “RÉPONSE”. Ferdinande de Saussure! It’s the answer!
Fanni Fetzer, 2021
Translated from German by ADT International
Question ? RĂ©ponse !
Roberte Mapplethorpe, Claude Cahun, Eugénie Delacroix, Louis Bourgeois, Joséphine Beuys, Miss van der Rohe, Martine Kippenberger, Francine Picabia, Annie Warhol, La Corbusier, Marcelle Duchamp, Jacqueline Pollock, Francine Bacon, Jeanne Nouvel, Danielle Buren, Romane Opalka, Jacqueline Lacan – toutes ces grandes figures de notre histoire culturelle. Mais attention, avec Agnès Thurnauer, les prénoms de ces génies ont changé de genre. Il n’en faut pas plus pour nous déstabiliser ! Comment associer une Jacqueline Lacan ou un Louis Bourgeois aux œuvres qui nous sont si familières ?
Agnès Thurnauer est un véritable puits de science. Elle est instruite, connaît l’histoire de l’art sur le bout des doigts et fait référence aux œuvres de grands maîtres dans ses propres tableaux. En bonne française, et surtout en tant que Parisienne, les plus grandes théories philosophiques du XXe siècle n’ont pas de secret pour elle. Elle doit son savoir entre autres à son éducation et aux connaissances et compétences techniques acquises à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs. Agnès Thurnauer maîtrise son sujet et peint extrêmement bien, qui plus est. Dans son art, elle s’intéresse aux systèmes de référence de notre espace culturel ; la Langue, le Langage et la Parole ne sont que trois aspects qu’elle vient bousculer dans ses tableaux et objets.
Agnès Thurnauer aime travailler sur des séries en parallèle pendant plusieurs décennies et s’intéresse au système binaire des genres, aux frontières des pays, des continents et des langues ou confronte des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art d’une exposition à ses sculptures fonctionnelles où chacun peut venir s’asseoir et converser. Ces sculptures rappelant la forme de morceaux d’os à moelle sont à la fois un objet artistique, un banc pour une pause bien méritée et un message. Ces installations en aluminium brossé investissent les différents espaces du musée et invitent le public à s’attarder quelques instants. Elles font quelque peu penser aux pièces d’un Tetris géant en 3D. Pas si faux ! En effet, lorsque les éléments sont correctement rapprochés les uns des autres, ils forment des lettres, lesquelles forment à leur tour un mot. Les sculptures sont bien évidemment trop grandes pour que nous puissions, nous simple public, les redisposer. Mais l’effet est là . Elles nous invitent à interagir et, en un rien de temps, nous nous engouffrons dans la brèche et essayons de déchiffrer les lettres pour découvrir le message laissé par l’artiste. Peut-être « JOIE » ou « CHROMATIQUE » ou « ICI ». Avez-vous une question ?
Tout cela pourrait sembler terriblement savant et parfait : l’idée ludique et brillante des prénoms ou l’intégration du texte dans les tableaux. Intelligent et monotone à la fois si Agnès Thurnauer ne faisait pas également preuve d’un sens de l’humour aiguisé outre son talent incontestable. Ainsi, l’artiste inscrit le terme « border » sur deux toiles de telle manière que la frontière du diptyque devienne visible. Ou alors, elle place avec humour le mot « wandering » en haut d’un tableau en deux parties représentant… des dunes, des vagues, du camouflage ? De sorte que le « wandering » devienne évident. Le Signifié et le Signifiant se superposent et s’entremêlent dans ces tableaux puissants. Dans l’une de ses œuvres les plus récentes – même si le mot récent n’est pas tellement approprié puisqu’elle l’a commencée en 2001 et terminée en 2021 – , bref, cette aquarelle représente deux pièces : à gauche le sol et les murs sont peints et portent des inscriptions, le mot « QUESTION » apparaît en grand, au milieu se trouve une arche, à droite une deuxième pièce dont les murs et le sol sont également peints et portent des inscriptions, entre les deux le mot « RÉPONSE » apparaît en grand. Ferdinande de Saussure ! C’est la réponse !
Fanni Fetzer, 2021
Translated from German by ADT International
Agnès Thurnauer is a franco-swiss artist. She is born in 1962 in Paris. She lives and works in Ivry-sur-Seine.
Through her paintings, sculptures, and installations, Agnès Thurnauer deals with the issue of language. In her pictorial praxis, writing is often incorporated in the picture and even when it is not, the allusive power released by the subject places the spectator within art history as in the endlessly renewed emancipation of its own reading. This plastic quality of language is tested in three dimensions with her sculptures made of casts of letters on differing scales permitting the involvement of the gaze and the body. For Agnès Thurnauer, the relation to the work always introduces a form of reciprocity. If the work reads the world, it is up to each one of us to make our own reading thereof. This shared language lies at the heart of society and gives art a powerful poetic and political function.
Agnès Thurnauer’s work was revealed to the public by a solo show at the Palais de Tokyo in 2003. Since then, she has exhibited at the Centre Pompidou, the Angers Museum of Fine Arts and Nantes, at the Unterlinden Museum in Colmar, and at the Château de Montsoreau - Collection Philippe Méaille, among many other venues. She has also shown her work in Belgium at the SMAK in Ghent, in the United States at the Seattle Art Museum and the Edgewood Gallery at Yale, in Brazil at the CCBB in Rio, and in many biennials and art centres: the Lyon Biennale, the Cambridge Biennial, the Kunsthalle Bratislava, and the Yermilov center Kharkiev…
Agnès Thurnauer est une artiste franco-suisse, née en 1962 à Paris. Elle vit et travaille à Ivry-sur-Seine.
Au travers de ses peintures sculptures et installations, Agnès Thurnauer traite de la question du langage. Dans sa pratique picturale l’écriture est souvent intégrée au tableau et même lorsqu’elle ne l’est pas la force allusive qui se dégage du sujet place le spectateur dans l’histoire de l’art comme dans l’émancipation toujours renouvelée de sa propre lecture. Cette plasticité du langage s’expérimente en trois dimensions avec ses sculptures composées de moules de lettres à différentes échelles permettant l’investissement du regard et du corps. Pour Agnès Thurnauer le rapport à l’œuvre induit toujours une forme de réciprocité. Si l’œuvre lit le monde, à chacun de nous d’en faire notre propre lecture. Ce langage en partage est au cœur de la société et donne à l’art une puissante fonction poétique et politique.
Le travail d’Agnès Thurnauer a été révélé au public par une exposition monographique au Palais de Tokyo (2003). Depuis elle a exposé au Centre Pompidou, au Musée des beaux-arts d’Angers et de Nantes, au Musée Unterlinden à Colmar, au Château de Montsoreau-Collection Philippe Méaille et bien d’autres. Elle a également montré son travail en Belgique au SMAK de Gand, aux USA au Seattle Art Museum et la Edgewood Gallery de Yale, au Brésil au CCBB de Rio et dans de nombreuses biennales et centres d’art : Biennale de Lyon, Biennale de Cambridge, Kunsthalle Bratislava, Yermilov Center Kharkiev…
Fanni Fetzer has served as the director of the Kunstmuseum Luzern since 2011. She has collaborated – among others – with Laure Prouvost, Taryn Simon, Thomas Schuette, Candida Hoefer, Rosemarie Trockel and Sharon Lockhart. She is currently working on the first retrospective of the Swiss-Argentinean artist Vivian Suter, which opens in November 2021 and will be accompanied by a first comprehensive monograph of the artist. She has won numerous accolades for her work as a curator and was recently chosen as one of the Top 100 Women of Business 2020 in Switzerland. She regularly participates in international competitions both as a jury member and as an expert. She publishes internationally on contemporary art.
Fanni Fetzer est directrice du Musée des Beaux-Arts de Lucerne depuis 2011. Elle a collaboré sur des projets avec, entre autres, Laure Prouvost, Taryn Simon, Thomas Schuette, Candida Hoefer, Rosemarie Trockel, Sharon Lockhart. Actuellement, elle organise la première rétrospective consacrée à l’artiste argentino-suisse Vivian Suter, qui sera exposée à partir de novembre 2021 avec une première monographie de l’artiste.
Son travail en tant que curatrice a été récompensé plus d’une fois ; dernièrement elle figurait dans le Top 100 Women of Business 2020 en Suisse. Elle montre régulière son engagement en tant que juré et experte dans des concours internationaux. Elle publie des écrits sur l’art contemporain dans le monde entier.
« Kho est un mot pertinent, un verbe puissant. Son chauvinisme profond n’a d’égal que sa subtile connotation internationale », écrit l’artiste. Ce terme a vu le jour grâce aux propres observations de ce dernier, mais il échappe toutefois perpétuellement aux limites d’une expérience individuelle. Le corpus de croquis transcrit la lente chorégraphie de la vie urbaine d’Alger : ses contradictions sémiotiques issues de l’appropriation culturelle cosmopolite, son existence entre graphème et écho sonique.