Last October and November, I did curatorial research on contemporary art, in Paris and in Montpellier, with a focus on decolonization and postcoloniality in the context of the Transatlantic Residencies. During my time in France, I had the opportunity to participate in the Visual Arts Focus of Institut français as well as visiting many exhibitions and artists studios.
Luckily, the Palais Tokyo’s fall exhibition Future, Former, Fugitive, devoted to “a French scene” coincides with the Focus activities. It was revealing to visit another very interesting and fascinating, small exhibition in the suburb of Gennevilliers that offers a different take on the French scene. Curated by the artist Mohamed Bourouissa and titled Désolé, the exhibition brought together ten artists working in a variety of mediums. Their practices explire questions of hybridity, diaspora migration, heritage and peripheries (suburb). It was very refreshing to have seen another perspective on the French artistic scene. The works of Sara Sadik and Rayane Mcirdi exemplify the complexity and the energy of the exhibition.
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The Roof (2018) by Rayane Mcirdi is one of the pivotal works in “Désolé”. One of the first work to be seen when entering the exhibition, it presents four young adults on the roof of an apartment building. They seat around, killing time, playing video games, smoking, looking down the aisles. At the same time, one of them – an off-voice narrator - tells a story of police and young people in the neighbourhood. The infamous 2015 riot is evoke. Epic proportions are interspersed with jokes and digressions. The video thus plays on our expectation, by subverting it its own codes. Brilliant!
Rayane Mcirdi is an emerging artist, who lives and works in Paris. Inspired by his suburban hometown of Gennevilliers, and popular media ranging from football to American blockbusters, Mcirdi investigates the ways in which media penetrates the collective unconscious in various social and cultural environments.
Dominique Fontaine, 2020
En octobre et novembre derniers, j’ai effectué une recherche curatoriale sur l’art contemporain, à Paris et à Montpellier, en mettant l’accent sur la décolonisation et le postcolonialisme, dans le contexte des Résidences transatlantiques. Pendant mon séjour en France, j’ai eu l’occasion de participer au Focus arts visuels de l’Institut français et de visiter de nombreuses expositions et ateliers d’artistes.
Par chance, l’exposition d’automne du Palais de Tokyo Future, Former, Fugitive, consacrée à « une scène française » coïncide avec les activités du Focus. La visite dans la banlieue, à Gennevilliers, d’une autre petite exposition très intéressante offrant un regard différent sur la scène française s’est avérée révélatrice. Organisée par l’artiste Mohamed Bourouissa et intitulée Désolé, elle a rassemblé dix artistes qui s’expriment à travers différents médiums. Leurs pratiques explorent les questions d’hybridité, de diaspora, de migration, d’héritage et de périphérie (banlieue). Il était très rafraîchissant de découvrir une autre perspective de la scène artistique française. Les œuvres de Sara Sadik et Rayane Mcirdi illustrent la complexité de l’exposition et l’énergie qui s’en dégage.
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The Roof (2018) de Rayane Mcirdi est l’une des œuvres centrales de Désolé et une des premières que l’on voit en entrant dans l’exposition. Elle présente quatre jeunes adultes sur le toit d’un immeuble d’habitation. Ils sont assis, à tuer le temps, jouer à des jeux vidéo, fumer, observer les allées. L’un d’eux—un narrateur en voix off – fait le récit d’une altercation entre la police et les jeunes du quartier. La tristement célèbre émeute de 2015 est évoquée. Le caractère épique de la narration est contrebalancé par des blagues et des digressions. La vidéo se joue ainsi de notre attente, en subvertissant ses propres codes. Brillant !
Rayane Mcirdi est un artiste émergent, qui vit et travaille à Paris. Inspiré par sa ville natale de Gennevilliers, en banlieue parisienne, et par les médias populaires, du football aux superproductions américaines, Rayane Mcirdi s’intéresse à la manière dont les médias imprègnent l’inconscient collectif dans divers environnements sociaux et culturels.
Dominique Fontaine, 2020
Traduit de l’anglais par Elsa Maggion
The artistic work of Rayane Mcirdi firmly takes its roots at grassroots: the local area he knows well and grew up in, that of the cities of Gennevilliers and Asnières-sur-Seine, where he, his family, and childhood friends live.
Rayane Mcirdi collects voices and stories. Now anodyne, now incredible, but always real and personal, these have made him laugh, left him in awe, surprised, shocked, or amused him. However, we’ll never know his reactions. Imitating the action of the ethnographer, the artist collects, with all the objectivity his tools will allow. With a certain economy of means, using an audio recorder and a camera, Rayane Mcirdi undertakes genuine inquiries in the field.
Attesting to specific modes of being in the world, these stories – which have become anonymous to us – form the contours of a vast human mosaic that the artist suggests we discover in fragments.
The words are never deformed, cut off, modified, or written in advance. They are delivered as they are, hot off the press, as they have been entrusted to him and as one would share with a friend. Stammering, seasoned, slang-filled, typical, or stereotypical (it depends), they deliver the material of stories to be deciphered that thus become a new material in turn: that of a language whose full poetic scope the artist aims to reveal.
He graduated from the École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris in 2019. He has recently enjoyed his first solo exhibition, Le Croissant de Feu, À Fatima Mahli at the Galerie Edouard-Manet in Gennevilliers in 2021; notably participated in the thirteenth Sharjah Biennale in Beirut, Lebanon, An unpredictable expression of human potential in 2017; in the Hamdoulah ça va exhibition at Dada, Marrakech, in 2019; in the Dust exhibition at the Centre Pompidou in 2020.
Le travail artistique de Rayane Mcirdi s’ancre dans le local : celui qu’il connaît et dans lequel il a grandi, celui des villes de Gennevilliers et d’Asnières-sur-Seine dans lesquelles lui, sa famille et ses amis d’enfance habitent.
Rayane Mcirdi collectionne les paroles et les histoires. Tantôt anodines, tantôt incroyables, toujours vraies et personnelles, celles-ci l’ont fait rire, l’ont étonné ou émerveillé, choqué ou amusé. Pourtant jamais nous ne connaîtrons ses réactions. Reproduisant les gestes de l’ethnographe, l’artiste collecte, avec toute l’objectivité que lui permettent ses outils. Dans une certaine économie de moyens, à l’aide d’un enregistreur et d’une caméra, Rayane Mcirdi entreprend de véritables enquêtes de terrain.
Témoins de modes d’être au monde spécifiques, ces histoires – pour nous devenues anonymes – dessinent les contours d’une vaste mosaïque humaine que l’artiste nous propose de découvrir par fragments.
Les paroles jamais ne sont travesties, coupées, modifiées, ni écrites à l’avance. Elles sont livrées telles quelles, toutes chaudes, telles qu’on les lui a confiées et comme on les partagerait à un.e ami.e. Balbutiantes ou assurées, argotiques, typiques, stéréotypées (c’est selon), elles livrent la matière d’histoires à décrypter et sont matière à leur tour, celle d’une langue dont l’artiste entend dévoiler toute l’ampleur poétique.
Il est diplômé de l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2019. Il a récemment bénéficié de sa première exposition personnelle, « Le Croissant de Feu, À Fatima Mahli » à la galerie Edouard-Manet à Gennevilliers en 2021, et a notamment participé à la 13ème Biennale de Sharjah à Beyrouth au Liban, « An unpredictable expression of human potential » en 2017, à l’exposition « Hamdoulah ça va » à Dada à Marrakech en 2019, à l’exposition « Dust » au Centre Pompidou en 2020.
Dominique Fontaine is a curator, consultant on contemporary art, media arts and arts management. In 2005, she founded aPOSteRIORi, a non-profit curatorial platform – researching, documenting, developing, producing and facilitating innovation in diverse contemporary art practices.
Dominique Fontaine est commissaire, expert-conseil en art contemporain, en arts médiatiques et en gestion des arts. Elle dirige, depuis 2005, aPOSteRIORi, une structure à but non lucratif qui s’intéresse à la recherche « curatoriale », et à l’innovation dans les domaines de la documentation, du développement, de la production et de la promotion de diverses pratiques artistiques contemporaines.
L’œuvre de Gaëlle Choisne se situe à la jonction de l’intuition et de la transformation. Elle aborde la transformation de manière intuitive autant qu’elle transforme l’intuition. Le travail de Choisne associe diverses connaissances et pratiques, matérielles, spirituelles et culturelles dans un projet troublant et éphémère – une politique palpitante de reconfiguration, c’est-à -dire de création de nouveaux mondes.