La nature occupe une place omniprésente dans l’œuvre de l’artiste : les fonds, les plantes, les guirlandes et les ornements monochromes se voient intensifiés par un processus de fusion entre anamnèse visuelle et association libre d’images, principe même de la psychanalyse, afin de renverser les idéaux de clarté classique avec des références évidentes à l’histoire de l’art, parmi lesquelles Nicolas Poussin, Caspar David Friedrich et Arnold Böcklin. L’alliance créée entre les sens et l’intellect, ou plutôt entre la perception et la cognition, semble jouer un rôle essentiel, dans la mesure où Anne Laure Sacriste croit fermement en un précepte selon lequel une image appréhendée par les sens représente le point de départ d’une vision qui s’étend progressivement et se modèle de façon lyrique pour donner naissance à des formes et métaphores poétiques toujours nouvelles et vitales. Son travail met en place une ekphrasis motrice, vue comme « un discours descriptif qui place concrètement l’objet sous les yeux. » Il se caractérise par l’enà rgeia*, la force de la représentation visuelle composée de « personnes, choses, moments, endroits et périodes, et bien plus encore » et délicatement enrichie de suggestions, formes et couleurs, tous ces éléments qui constituent l’épopée.